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Photo du rédacteurGaia First

Comprendre l'exploitation minière en eaux profondes en cinq questions.



L'exploitation minière en eaux profondes peut sembler une préoccupation lointaine, très loin au fond des océans, là où même la lumière ne peut atteindre. Pourquoi alors s'en préoccuper ? Ses effets sur notre planète sont profonds et alarmants. Il est essentiel de lutter contre ce phénomène, mais il faut d'abord comprendre ce qu'est le problème de l'exploitation minière en eaux profondes et ce qui est en jeu.

Qu'est ce que l'exploitation minière en eaux profondes ?


L'exploitation des grands fonds marins, également connue sous le nom de « deep sea mining », consiste à extraire les métaux et les matériaux rares qui se trouvent dans les profondeurs de l'océan (200 mètres au-dessous du niveau de la mer). Cette extraction a souvent lieu dans des zones écologiquement sensibles telles que les systèmes de cheminées hydrothermales et les récifs coralliens en eau profonde, car c'est dans ces riches écosystèmes que l'on trouve les matériaux de valeur.


Les opérations d'extraction en eaux profondes sont encore relativement peu nombreuses, car elles nécessitent des équipements très résistants aux profondeurs extrêmes. Cependant, à mesure que la technologie s'améliore et que les besoins en métaux rares augmentent, les opérations d'extraction en eaux profondes gagnent du terrain, tout comme les risques environnementaux et climatiques liés à ces opérations.


Ces ressources minérales telles que le cobalt, le nickel, le lithium et parfois l'or se trouvent dans tous les océans du monde, mais plus particulièrement dans le bassin central de l'océan Indien, autour des îles Cook, de Kiribati et de la Polynésie française, dans les monts sous-marins de Magellan dans l'océan Pacifique et à l'est du Japon.


Pourquoi exploitons-nous le fond des océans ?


L'exploitation des fonds marins est directement liée à nos systèmes capitalistes et à l'évolution des technologies modernes, qui nécessitent des matériaux rares. Ces ressources sont indispensables à la fabrication d'appareils électroniques tels que les batteries, les téléphones mobiles, les ordinateurs portables, ...


Paradoxalement, ces matériaux rares sont également indispensables pour assurer notre transition énergétique : fabrication de batteries solaires, construction d'éoliennes, de panneaux photovoltaïques...


Pour nous éloigner de l'utilisation massive des énergies fossiles et des impacts environnementaux du système capitaliste, nous devons exploiter davantage ces ressources pour produire des technologies « vertes ». Cela crée un paradoxe : pour sortir d'un modèle basé sur des énergies polluantes, il faut intensifier les activités minières qui auront de graves conséquences sur les écosystèmes marins et, par ricochet, sur l'humanité. Ce dilemme fait de l'exploitation minière des grands fonds marins un sujet de débat.


Quel est l'impact de cette extraction ?


Les effets de l'exploitation minière en eaux profondes sont considérables. Elle a un impact sur l'environnement et des conséquences sur le climat.


Impact sur l'environnement :

  • Destruction des écosystèmes : destruction d'habitats marins uniques et fragiles, perturbation des écosystèmes essentiels à la biodiversité.

  • Pollution : Les panaches de sédiments et les produits chimiques toxiques libérés pendant l'exploitation minière peuvent étouffer la vie marine et contaminer les sources d'eau.

  • Extinction d'espèces : entraîne la disparition d'espèces qui risquent de ne plus jamais être retrouvées, effaçant ainsi une importante diversité génétique.



Conséquences climatiques

  • Séquestration du carbone : Les écosystèmes des grands fonds marins jouent un rôle essentiel dans la capture et le stockage du carbone. La perturbation de ces systèmes peut libérer le carbone stocké dans l'atmosphère, exacerbant ainsi le changement climatique.

  • Régulation de la chaleur : Les grands fonds marins contribuent à réguler les températures mondiales en répartissant la chaleur. L'exploitation minière peut interférer avec ce processus, ce qui risque d'aggraver l'instabilité climatique.



Quel est le cadre juridique de l'exploitation minière en eaux profondes ?


Le principal instrument juridique international régissant l'exploitation minière en eaux profondes est la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), qui établit des lignes directrices sur la manière dont les pays peuvent exploiter et protéger les ressources dans les eaux internationales.


Cette convention couvre les aspects géographiques des opérations d'exploitation minière en eaux profondes. L'exploitation minière des fonds marins relève de la compétence des pays dans leur zone économique exclusive (ZEE), qui s'étend jusqu'à 200 milles nautiques de leurs côtes. Les fonds marins au-delà de ces juridictions nationales sont gérés par l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Celle-ci veille à ce que les activités, y compris l'exploitation minière en eaux profondes, soient menées dans l'intérêt de l'humanité tout entière, en accordant une attention particulière à la protection de l'environnement.


Toutefois, ces préoccupations environnementales sont relativement limitées, faute de données complètes sur les écosystèmes susceptibles d'être affectés. Les groupes de défense de l'environnement et les scientifiques craignent de plus en plus que l'exploitation minière n'endommage les habitats des grands fonds marins, dont certains sont encore mal connus. C'est pourquoi des appels sont lancés en faveur d'évaluations plus strictes de l'impact sur l'environnement et de moratoires sur l'exploitation minière en eaux profondes jusqu'à ce que des recherches plus approfondies soient menées.


Qu'est-ce que le moratoire sur l'exploitation minière en eaux profondes ?


Début 2024, la Norvège a pris la décision d'ouvrir les portes de l'Arctique à l'exploitation minière en eaux profondes. Le problème de cette décision est que la zone ouverte par la décision norvégienne se trouve en partie dans les eaux internationales, où l'UE a des intérêts majeurs. Cette décision aurait des conséquences considérables pour les États membres de l'UE, les pêcheries, les économies locales et le climat mondial. Cette décision enfreint également plusieurs conventions de droit international.


Suite à l'adoption de ce texte par le gouvernement norvégien, le Parlement européen a appelé à un moratoire mondial sur l'industrie minière en eaux profondes. Il condamne la décision de la Norvège, rappelant qu'elle est fondée sur une évaluation insuffisante de l'impact environnemental et qu'elle n'a pas fait l'objet d'une consultation appropriée des États voisins, ce qui va à l'encontre des obligations qui lui incombent en vertu du droit international.


Bien qu'il existe des cadres juridiques tels que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS) et l'Autorité internationale des fonds marins (ISA) pour réglementer l'exploitation minière en eaux profondes, cette question fait toujours l'objet d'un débat international important, notamment en ce qui concerne les incidences sur l'environnement. C'est pourquoi l'appel pressant du Parlement européen à défendre les grands fonds marins est tout simplement historique.

 

La dernière bonne nouvelle pour la planète.


Le premier décembre 2024, la Norvège a décidé de suspendre temporairement son projet d'extraction minière sous-marine dans ses eaux arctiques, prévu pour 2025, suite à des négociations budgétaires menées avec la Gauche socialiste. Cette nouvelle est un réel exploit pour de nombreux activistes, ONG et scientifiques des autre pays européens qui dénonçaient les impacts environnementaux astronomiques de ce projet. Le Premier ministre norvégien a tout de même précisé qu'il ne s'agissait que d'un report, non d'une annulation. La Norvège souhaite obtenir des minéraux sous-marins essentiels pour la transition énergétique, mais l'ouverture des fonds marins à l'exploitation reste controversée.



Additional resources: 

Instagram account:  look_dow_action.

Book : "Deep-Sea Mining: Resource Potential, Technical and Environmental Considerations" by Rahul Sharma

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